Le Qawwali est interprété par un ensemble de musiciens de sexe masculin (les Qawwal). Mélange à plusieurs titres, le Qawwali est à la croisée des chemins de l'Islam, du Soufisme et de l'Hindouisme, empruntant son répertoire au qaul arabe, à la poésie persane, au ghazal indo-persan et au bhajan hindou. Le Qawwali est une musique qui utilise la délicatesse des textes poétiques classiques pour provoquer l'extase de l'auditoire. Le très vaste répertoire exprime poèmes d'amour (ghazal), louanges à Dieu (hamd), au prophète (naat) et aux saints (manqabat) mais aussi de très surprenants textes ésotériques soufis. Les Qawwal utilisent aussi bien l’arabe, le persan, l’hindi, l’urdu, que le purbi ou encore le pendjabi.
Le chant des Qawwal est un amalgame de plusieurs types de musique, tous répendus au Pakistan: -La musique classique, fondée sur des raga (modes) de l’ Inde, enrichis par des khayal (litteralement: imagination, fantaisie) inventés par Amir Khusrau. -La musique semi-classique, representée par les thumri et dadra, chants d’amour sur des rythmes à 16, 14 et 6 temps pour dadra. -La musique légère, qui permet une grande liberté de mélodie et de rythme. Elle est surtout utilisée pour chanter des poèmes d’amour. Jusqu’à une époque récente, les Qawwal s’accompagnaient au sarangi (instrument à cordes à archet), au mandala (sorte de cithare), au kin (sorte de harpe) et au tampura ( instrument à cordes donnant la tonique). Mais à l’heure actuelle, du fait de la difficulté d’accorder les instruments, souvent joués en plein air, ils s’accompagnent à l’harmonium (portatif) introduit dans le sud de l’Inde par les chrétiens au XVII° siècle et au dholak (petit tambour à deux faces) ou plus généralement au tabla, le tout rythmé par les claquements de mains réguliers et rapides des Qawwal comme des battements de coeur (zarb). Le Qawwali commence habituellement par un prélude instrumental à l'harmonium (naghma), suivi d'un sonnet (ruba'i) interprété par le soliste (mohri) dans le style du récitatif, sans percussion, enchaînant directement dans le "chant" proprement dit: un poème mystique de structure strophique qui sera repris par tout le groupe des Qawwal et donnera son nom à l'ensemble de la composition. L’origine des chants Qawwali dans le sous-contient indien est profondément liée à l’implantation et à la propagation des confréries soufies qui s’y répandirent à partir du XIIIième siècle. La tradition Qawwal, à l’origine confinée dans les mausolées et les confreries, s’est depuis largement répendue et les Qawwal chantent maintenant à toute occasion de la vie (mariage, fête religieuse, commémoration ...). Au Pakistan, la musique Qawwali est l’une des plus populaires du pays. Elle couvre un large éventail de styles allant du classique au folk, du plus pur au plus commercial. Cette immense popularité provient en majeure partie du fait que le Qawwali s’est enrichi d’une imagerie poétique reniée partout ailleurs en Islam. Il est de tradition d’interpréter musiques et chants Qawwali soit en lieu de pèlerinage dédié à un saint, soit dans un lieu de rassemblement de l’ordre des soufistes. C’est ainsi qu’on pouvait voir chaque année Nusrat Fateh Ali Khan sur le lieu de pèlerinage dédié au saint Ganj-E-Shakar, auquel le troisième morceau de l’album The Last Prophet est dédié. |